Le grand bazar des médias
Commençons par le début du début: qu’est-ce que les journalistes définissent comme une information ou plus simplement, dans le jargon des médias, une info?
C’est d’abord quelque chose de nouveau. Jadis en France, au lieu d’infos on disait plutôt les « nouvelles ». Et en anglais, le mot « news », qui est dérivé de « new » (nouveau), est omniprésent. Deux des grandes chaînes d’info américaines s’appellent Fox News et Cable News Network (CNN).
Ensuite, c’est un fait qui nous intéresse même si nous ne connaissons pas personnellement les personnes impliquées. Voici un exemple: si je vous dit : «Une amie à moi vient d’avoir un bébé et il s’appelle Pierre». C’est un fait qui me touche car c’est une amie, mais cela ne va pas vous intéresser car vous ne la connaissez pas.
Un bébé à 10 000 mètres d’altitude
En revanche, si cette femme a accouché en urgence dans un avion, à 10 000 mètres d’altitude au dessus de l’Atlantique, et elle est sortie saine et sauve de l’avion à New York avec le bébé dans les bras, cela va vous intéresser même si vous ne connaissez pas cette amie. C’est une info !
Les infos peuvent concerner tous les domaines de la vie : la politique bien sûr, mais aussi des accidents, la santé, l’économie, le sport, la culture, les célébrités, bref tout ce qui fait notre vie.
Attention: il faut bien distinguer information et opinion. Si je dis que cette femme a été folle de prendre l’avion 6 jours avant le terme de sa grossesse, c’est une opinion, pas un fait.
Pour se former une opinion, j’ai besoin de connaitre les faits. A-t-elle vraiment pris l’avion 6 jours avant le terme ou bien était-ce 6 semaines (l’avion n’est plus autorisé au-delà de 36 semaines de grossesse – 40 semaines en tout)? Ce n’est pas du tout pareil et mon opinion va différer. Donc c’est très important de connaître les faits pour pouvoir se faire une opinion. Mais comment connaître les faits ? Comment savoir si une information est correcte ?
Infobésité
Il y a encore vingt-cinq ans, c’était d’une certaine façon peu plus facile, car il y avait pour s’informer un nombre beaucoup plus limité de publications : quelques dizaines de journaux ou magazines, quelques stations de radio, quelques chaînes de télévision. On était lecteur de Libération ou du Figaro, on lisait l’Equipe ou Gala, on écoutait France Inter ou RTL, on regardait TF1 ou France 2. Tout n’était pas parfait, loin de là, il y avait du bon et du mauvais journalisme, mais c’était relativement facile de savoir si tel ou tel média était crédible, s’il transmettait correctement les faits. Aujourd’hui, tout ça parait sacrément plus compliqué. Car le monde médiatique a littéralement explosé.
Maintenant, de l’information à profusion, on parle même parfois d’infobésité. La plupart des anciens médias sont encore là, mais il y un nouveau canal de diffusion avec une myriade de possibilités : et c’est bien sûr internet. Les anciens médias y sont tous présents, avec plus ou moins de succès. Désormais, on peut aussi lire les médias du monde entier. Si l’on parle anglais, on peut lire les dernières informations du New York Times en même temps que les habitants de New York.
Mais il Il y a aussi de nouveaux médias qui n’existent que sur le net comme par l’exemple Huff Post ou Médiapart ou encore Slate ou Brut, mais aussi toute une flopée de sites internet beaucoup moins fréquentables. Tout le monde peut se déclarer expert en quelque chose et créer un site internet et publier. C’est particulièrement visible dans le domaine de la santé, avec une multitude de sites plus ou moins sérieux.
Plus d’un milliard d’heures de vues par jour
La diffusion de l’info a encore été accélérée par les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook (qui ont tous deux démarré en 2006), puis Instagram, Snapchat et maintenant TikTok, et d’autres demain, qui véhiculent des tonnes d’information de manière quasi-instantanée. Et puis, il y a l’incontournable Youtube (lancé en 2005) qui compte des millions et des millions d’heure de vidéos sur absolument tout. En 2017, YouTube a dépassé le cap du milliard d’heures de vues quotidiennes.
Et c’est une cacophonie, car tout le monde peut publier quelque chose: des journalistes, des stars, des politiques et toute autre personne. Auparavant, la parole des responsables politiques, sportifs ou culturels était rapportée par les journalistes, qui le plus souvent en avaient sélectionné des extraits. Maintenant, Emmanuel Macron s’exprime sur Twitter et publie des vidéos sur tous les supports. Il en va de même pour Neymar Junior ou Kylie Jenner.
En 2021, on a beaucoup plus d’informations, et grâce à internet, on a même accès beaucoup plus rapidement aux informations les plus pointues, aux avis des meilleurs experts.
Les réseaux sociaux permettent aussi aux opposants dans des dictatures de s’exprimer et de nous donner des informations que nous n’aurions pas autrement.
Mais dans le même temps, n’importe qui peut s’exprimer. C’est simple : je peux écrire un texte bourré de fautes d’orthographes ou rempli d’âneries ou même les deux, je peux mettre 50 € pour le sponsoriser et il sera visible par un maximum de personnes. Si je veux, je peux me passer complètement de filtres par rapport à la qualité des informations que je publie.
Un mélange de vrai et de faux
Bref, le pire et le meilleur coexistent et il est sacrément difficile de s’y repérer. Certains déconseillent aux jeunes de se servir des réseaux sociaux, de ne pas aller sur Youtube et leur recommandent de plutôt lire des livres ou des journaux. Mais soyons réalistes, il est trop tard !
Les adolescents ne regardent presque plus la télévision (elle leur sert au mieux d’écran pour YouTube ou Netflix). Ils n’écoutant pas la radio et ne lisent pas les journaux. Pourtant, ils obtiennent des tonnes d’informations. Et certains qui savent faire la part des choses sont très bien informés. La plupart cependant nagent dans un mélange de vrai et de faux, sans bien savoir faire de distinction.
Alors comment les aider ? Il n’y a pas d’autres moyen que d’aller découvrir le monde des ados ! C’est que nous faisons quand nous intervenons dans les classes. Nous demandons aux élèves d’allumer leur portable et de nous montrer des informations qu’ils jugent, eux, intéressantes. Nous avons donc eu l’occasion de voir un petit peu comment ça se passe pour les jeunes.
L’idée de ces tutos est de nous rapprocher du monde des ados, de mieux comprendre ce qu’ils regardent et comment nous pouvons les aider à distinguer le vrai du faux. Le but est de vous donner des idées et des pistes afin que vous puissiez par la suite les utiliser en cours et les partager avec vos élèves, ou également avec vos enfants ou les jeunes qui vous entourent.
Analyser des infos est une activité très appréciée par les jeunes, mais à condition que ça parle de leur monde à eux.
Sur le navigateur Chrome, on peut même faire une recherche directe en effectuant un clic droit sur l’image et en choisissant Rechercher une image avec Google.
Parfois, on n’a pas de résultat probant, par exemple si l’image n’a pas été répertoriée par les moteurs de recherches. On peut alors exercer son sens de l’observation: est-ce que les boutiques, les plaques de rues, l’architecture correspond bien à la ville ou au pays évoqués dans le texte? Est-ce la bonne saison? La bonne végétation? Autant d’indices faciles qui peuvent rapidement vous donner des preuves.